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Les métiers après l’école d’ingénieur : Officier à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP)

Les métiers après l’école d’ingénieur : Officier à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP)

Nous continuons notre série sur les métiers auxquels peuvent mener des études en école d’ingénieur. Aujourd’hui c’est au tour de Thomas, Officier à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP).

N’hésitez pas à nous contacter (sur notre page contact ou via @integrerlx sur Twitter) pour nous proposer des interviews sur des métiers qui vous intéressent : nous essaierons de trouver les bons profils via notre réseau.

 

Pompier Paris

 

En quelques lignes, en quoi consiste ton activité ?

Agé de 34 ans, après une première expérience de 8 années en unité opérationnelle (lieutenant puis capitaine), je suis actuellement officier supérieur au sein de l’état-major d’un groupement d’incendie et de secours. Ce dernier défend 1/3 de la capitale et un département de la petite couronne (2 millions d’habitants).
Je suis en charge de la prévision opérationnelle. Cette activité prospective cherche à rendre plus efficiente les déploiements opérationnels (casernes, engins, hommes…), au regard des analyses statistiques et de l’évolution des risques et du secteur.
Je participe par ailleurs au suivi des opérations (550 interventions / jours) des 25 centres de secours depuis la salle opérationnelle.
Enfin, j’interviens en tant qualité d’ « officier poste de commandement tactique » lors d’interventions importantes afin de coordonner les moyens engagés sous les ordres du commandant des opérations (un départ quotidien environ).

A quoi ressemble ton quotidien ?

En début de carrière, le rôle d’un lieutenant, chef de garde incendie, est de commander 30 à 40 sapeurs-pompiers à la fois en centre de secours pour les activités quotidiennes et en prenant part aux interventions de son secteur.
Le capitaine, qui commande 2 à 4 casernes, est plus autonome et occupe une grande partie de son temps à l’administration générale de sa compagnie, qui peut compter jusqu’à 250 hommes. Il intervient pour les interventions plus importantes ou délicates.

A présent, je suis commandant dans l’état-major opérationnel (ie le back office) d’un groupement d’incendie commandé par un colonel et comprenant 8 compagnies (i.e. front office). Je participe à la gestion globale des 550 interventions quotidiennes et mes journées se partagent entre :
– la planification (à froid) : à travers des travaux d’analyses et de synthèses ;
– la conduite (à chaud): qui se traduit par de l’animation en salle opérationnelle.
Je parviens également à faire quelques séances de sport par semaine, et mes journées (nuit et WE…) restent ponctuées par les interventions, qui constituent une source de motivation essentielle !
De plus, ayant préparé le cours de l’école de guerre, j’ai repris un rythme de prépa en soirée depuis plus d’un an…

Quelles sont les qualités nécessaires pour faire ce métier ?

Les sapeurs-pompiers sont par nature passionnés par leur métier, ce qui leur permet de surmonter la plupart des épreuves.
Au quotidien, je dirais que l’humilité et la remise en question sont deux qualités complémentaires essentielles. Elles permettent de rester au meilleur niveau (physique, technique, intellectuel) afin de ne pas tomber dans la routine, de ne pas commettre d’erreur et de s’adapter à un contexte d’engagement en évolution permanente.

En tant que soldat (nous appartenons à l’armée de Terre), nous avons un statut particulier, plus exigeant que nos pairs civils. Celui-ci constitue un gage de qualité, mais suppose un sens de l’engagement affirmé afin de pouvoir en accepter toutes les exigences.

Enfin, en tant qu’officier, l’exemplarité est une fondamentale : dans l’effort, le comportement, l’éthique, la tenue, la discipline morale…
Je pense que la plupart des « X » ont perçu ces valeurs, lors de leur 1ère année au sein du milieu de la Défense, qui constitue à mon sens une expérience essentielle, à l’heure où les nouvelles générations méconnaissent leurs armées.

Qu’est-ce qui te plait particulièrement dans cette activité ?
Tout d’abord le fait que depuis 12 ans à présent, je n’ai jamais eu l’impression de me lever le matin pour aller bosser… !
Ensuite l’opportunité de pouvoir vivre des situations hors du commun : telles que lors d’interventions exceptionnelles à Paris ou à l’occasion d’une vingtaine de lancements d’Ariane 5 aux 1ères loges.

Quel a été ton parcours pour en arriver là ?

J’ai intégré les Arts-Métiers après une CPGE en filière techno. Après mes 3 années en école, j’ai rejoins l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr pour une année de formation militaire intensive.
J’ai ensuite suivi en parcours d’officier dans l’armée de Terre, alternant périodes de formation et postes opérationnels en tant que sapeur-pompier de Paris (dans le Nord de la capitale et le 93, et au centre spatial guyanais à Kourou où j’ai commandé ma compagnie).
Je suis par ailleurs spécialisé dans les risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques).

En quoi être ingénieur est un atout ?

Le pragmatisme, la méthologie et la curiosité me sont particulièrement utiles au quotidien.
Pour moi, l’ingénieur ne détient pas la vérité vraie et ce n’est pas un disque dur ambulant. Face à un problème, il doit savoir prendre du recul et revenir le lendemain (après une nuit blanche…) avec une solution qui marche…c’est ce principe que j’adopte face aux problématiques.

Pour les interventions, par contre, il s’agit davantage de décider dans l’incertitude. Et dans ce cas c’est vraiment ma formation d’officier à Saint-Cyr qui me permet d’y parvenir dans les meilleures conditions.

Quelles sont les évolutions possibles par la suite ?

A cours terme je vais rejoindre l’Ecole de Guerre, dont j’ai réussi le concours. Il s’agit d’un passage obligé pour les officiers afin de pouvoir accéder aux responsabilités plus élevées. Je devrais poursuivre par un Master lié aux risques NRBC.

Je devrais ensuite servir dans un état-major dans ce domaine, avant de pouvoir revenir par la suite à la BSPP pour y commander un groupement d’incendie en tant que colonel.

 

Les métiers après l’école d’ingénieur : trader haute fréquence

Les métiers après l’école d’ingénieur : trader haute fréquence

Nous continuons notre série sur les métiers auxquels peuvent mener des études en école d’ingénieur. Aujourd’hui c’est au tour de Pierre, trader haute fréquence.

N’hésitez pas à nous contacter (sur notre page contact ou via @integrerlx sur Twitter) pour nous proposer des interviews sur des métiers qui vous intéressent : nous essaierons de trouver les bons profils via notre réseau.

 

En quelques lignes, en quoi consiste ton activité ?

Les bourses électroniques sont partiellement semblables à une immense table de poker où tous les joueurs n’ont pas le même niveau de connaissances du jeu. Aussi, il existe une activité de niche consistant à générer des profits en profitant du manque d’information de certains acteurs des marchés boursiers.

Mon métier consiste à détecter (R&D) puis exploiter avec des outils informatiques (production) les inefficiences des bourses électroniques.

A quoi ressemble ton quotidien ?

Mon quotidien est divisé en trois types d’activités : une part de recherche sur de nouvelles idées (expérimentations numériques – lecture d’articles : 25%), une part d’implémentation des idées trouvées (programmation en C++ : 25%) et une part de maintenance de la production des idées existantes (programmation C++/python – surveillance des automates : 50%).
Une journée type est réglée par les horaires d’ouvertures et de fermetures des marchés des actions Européennes. Elle démarre vers 8h, c’est à dire une heure avant l’ouverture des marchés pour finir vers 19h30, soit deux heures après la fermeture des bourses. Pas de pause à midi, je mange devant mes écrans.

Le volume horaire n’est pas particulièrement lourd mais chaque journée est dense par le niveau d’attention requise et l’obligation de travailler sur plusieurs fronts à la fois…

Quelles sont les qualités nécessaires pour faire ce métier ?

Rigueur, créativité et ambition sont les principales qualités permettant à un ingénieur de réussir dans le domaine du trading quantitatif. Suivant l’environnement de travail, il parfois indispensable de savoir travailler en situation de stress.
Une grande aisance en Informatique et en Mathématiques Appliquées est aussi primordiale.

Il faut garder à l’esprit que c’est un métier élitiste où la performance de chacun est donnée par le montant des profits qu’il génère chaque jour : pour un ingénieur qui réussit, il y a deux ou trois ingénieurs avec le même profil qui au mieux végètent et au pire se retrouve à la porte.
Autant dire que disposer d’une bonne étoile est aussi plus que souhaitable…

Qu’est-ce qui te plait particulièrement dans cette activité ?

Tout d’abord, ce métier est assez unique par la nécessité de faire à la fois la R&D, le déploiement et la production d’un produit (ie une stratégie visant à exploiter des inefficiences).
Ensuite, dans cette activité tout va très (trop ?) vite et on a l’impression de devoir remettre en question ses habitudes tous les jours.
Enfin, si la réussite est là et tant que les stratégies implémentées ne sont pas battues par la concurrence, la rémunération est hors norme (souvent de l’ordre de 10% des profits).

En fait, on peut dire qu’il y a de nombreux points communs avec l’entreprenariat : il faut savoir tout faire, se réinventer constamment en prenant des risques mais, si tout marche, les gains sont exceptionnels.

Quel a été ton parcours pour en arriver là ?

Après un bac S, la voie royale… Une classe prépa MP à Louis-Le-Grand puis l’X avec en année de spécialisation le master « Probabilité et Finance » (cotutelle X-Paris 6) aussi appelé master « El Karoui ».

Un stage en trading pour compte propre m’a ouvert la voie pour créer des premières stratégies à partir d’idées et pour le compte de mon tuteur puis il a fallut voler de ses propres ailes…

En quoi être ingénieur est un atout ?

Etre ingénieur m’a donné une palette puissante d’outils Mathématiques et Informatique ainsi que la possibilité de maitriser de nouveaux sujets en un temps réduit. Mon cursus m’est en outre particulièrement utile dans les nombreuses situations de crises car il m’a permis d’acquérir une forme d’esprit rationnelle et pragmatique qui permet de tenir le cap sous tout niveau de stress.

Quelles sont les évolutions possibles par la suite ?

Alors là c’est le hic des métiers dans le trading pour « compte propre » (où l’on prend volontairement des risques avec l’argent de son employeur pour dégager un profit) : suivant le type de structure les possibilités d’évolution sont très réduites du fait de l’horizontalité des hiérarchies. Quelqu’un de très performant aura la possibilité éventuellement de manager une petite équipe de traders pour décupler ses forces de travail mais faibles sont ses chances d’accéder à des postes hiérarchiquement supérieurs.

L’évolution possible pour un chef d’équipe très doué est de trouver des investisseurs et de monter avec eux un petit « Hedge Fund » qui exploite ses stratégies mais autant dire que c’est particulièrement exceptionnel et difficile…

 

Les métiers après l’école d’ingénieur : chercheur en mécanique des fluides

Les métiers après l’école d’ingénieur : chercheur en mécanique des fluides

Nous débutons une série sur les métiers auxquels peuvent mener des études en école d’ingénieur. Aujourd’hui nous avons le plaisir d’interviewer Colin, en 3ème année de thèse de mécanique des fluides à l’Ecole Centrale de Lyon.

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Mécanique des Fluides. Source : AC Nancy-Metz

En quelques lignes, en quoi consiste ton métier ?

Je suis doctorant, c’est-à-dire que je me forme à la recherche en planchant sur un sujet pendant 3 ans. Je suis aussi moniteur, ce qui signifie que j’ai une petite charge d’enseignement en parallèle, que j’effectue avec les élèves de 1ère année au sein de mon établissement (travaux pratiques, travaux dirigés, encadrement de projets étudiants, etc.).

A quoi ressemble ton quotidien ?

En doctorat, on a le choix de son emploi du temps, c’est un des avantages de la recherche. Dans mon cas, j’arrive généralement vers 9h-9h30 mais je repars assez tard, entre 19h et 21h. D’autres arrivent et repartent plus tôt.

Il n’y a pas vraiment de journée type car le travail est assez varié. J’effectue une thèse utilisant le calcul numérique, la majeure partie (et la partie la plus technique) de mon travail consiste donc à développer un code informatique. Au-delà des compétences en programmation, il y a un aller-retour permanent à faire avec la théorie pour optimiser l’algorithme, comprendre les erreurs. Vient ensuite l’analyse physique des résultats qui demande également de fournir un effort théorique. Une autre grosse partie du travail consiste à s’informer du travail des autres chercheurs via la lecture d’articles scientifiques, les séminaires (toutes les 2-3 semaines en moyenne), les conférences (1 à 2 fois par an). Il faut aussi apprendre à transmettre son travail par écrit (rédaction d’articles scientifiques) et par oral (lors des conférences, on doit parfois présenter en 12 minutes 2 années de travail !), ce qui implique la maîtrise de nouveaux outils de mise en forme, la maîtrise de l’Anglais, et un gros effort de rigueur et de synthèse. Enfin 1 à 2 fois par mois en moyenne, une réunion avec mes 2 directeurs de thèse permet de recadrer mon travail et d’éclaircir les zones d’ombre.

En ce qui concerne l’enseignement, j’ai 64h à effectuer chaque année, ce qui demande bien plus en temps de travail réel ! Chaque heure de TP ou TD doit être préparée minutieusement car il ne suffit pas de connaître le cours, il faut préparer un message pédagogique, anticiper les éventuelles questions, etc.

Quelles sont les qualités nécessaires pour faire ce métier ?

Sans hésiter : beaucoup de patience, un intérêt profond pour son domaine de recherche et de la curiosité. La thèse est un travail de longue haleine, où tout ne tombe pas juste du premier coup, il faut être capable de rebondir et d’apprendre des ses erreurs. Il faut aussi une forte capacité de travail : des premières pistes au produit fini (l’article scientifique), la charge de travail est importante et les compétences à acquérir sont multiples, dans mon cas : informatique, mathématiques, physique, Anglais, etc., alors il faut s’accrocher !

Qu’est-ce qui te plait particulièrement dans cette activité ?

C’est justement la pluridisciplinarité qui est un grand attrait pour moi. Contrairement à une idée reçue, on s’ouvre en faisant de la recherche bien plus qu’on ne se referme sur un sujet bien précis. Chaque petit pas en avant demande la compréhension de domaines divers et parfois disjoints en apparence. On ne s’ennuie jamais ! Dans le domaine qui est le mien, je suis émerveillé de voir comment les mathématiques prennent vie dans la physique et le calcul, comment l’abstraction la plus élégante rejoint la réalité la plus concrète.

Par ailleurs, l’enseignement est une activité très enrichissante car la dimension humaine y est cette fois-ci essentielle. Le rapport à un groupe d’élèves ou une classe est complètement différent, il faut savoir donner le bon tempo, réagir face aux élèves: on est en scène et on est chronométré !
Quel a été ton parcours pour en arriver là ?

J’ai commencé mes études en classes préparatoires en PCSI/PC* puis j’ai intégré l’Ecole Centrale de Lyon (ECL). En remplacement de ma 3ème année à l’ECL, j’ai effectué un Master of Science in Aerospace Engineering en 2 ans au Georgia Institute of Technology. Lors de mon Master, j’ai eu la chance de pouvoir travailler comme assistant de recherche dans un laboratoire spécialisé dans l’optimisation de systèmes aérospatiaux. Mes stages m’ont également permis de préciser mon choix de carrière. En 1ère année ECL, je suis allé effectuer mon « stage ouvrier » au Centre Spatial Guyanais grâce au CNES, ce qui m’a permis d’avoir un aperçu du secteur spatial. En 2ème année, je suis parti en Espagne dans un laboratoire spécialisé en combustion, ce qui a constitué ma première expérience en recherche. Enfin entre mes 2 années de Master, j’ai spontanément effectué un stage à l’Onera (Office National d’Etudes et Recherches Aerospatiales) en France, au laboratoire d’aérodynamique fondamentale et expérimentale (DAFE), où j’ai pu avoir une meilleure idée des problématiques théoriques de la mécanique des fluides moderne. C’est ce dernier stage qui m’a principalement motivé à m’éloigner des perspectives industrielles pour m’intéresser en thèse au problème plus fondamental des instabilités hydrodynamiques.

Durant mes années d’études à Centrale Lyon, j’ai donné des cours particuliers en mathématiques/physique/chimie à des élèves de lycée et prépa. Cette première expérience d’enseignement m’a donné envie de continuer par la suite en thèse.

A noter qu’il n’est en rien nécessaire de passer par la filière prépa/école d’ingénieur pour envisager une carrière en recherche, et l’université produit également d’excellents chercheurs. Toutefois, la qualité de la formation de ce parcours est un atout certain en termes de capacité de travail et de culture scientifique. D’autre part, les meilleures écoles accueillent souvent d’excellents laboratoires de recherche, où s’effectue une partie de l’enseignement, ce qui permet une immersion dans le milieu dès les premières années d’études.

Quelles sont les évolutions possibles par la suite?

A l’issue de ma thèse, je souhaite continuer dans le milieu de la recherche et de l’enseignement. Traditionnellement, cela nécessite d’effectuer un ou plusieurs post-doctorats, soit des contrats à durée déterminée (1 ou 2 ans) de recherche dans des thématiques légèrement différentes de celle du doctorat. Après, ce sont les concours de recrutement des maîtres de conférence, chargé de recherche CNRS ou autre organisme (Onera, Cea, etc.), où les places sont hélas assez chères.

Il ne faut toutefois pas croire que la thèse destine forcément à une carrière académique. En effet, elle est à l’étranger le diplôme le plus reconnu dans l’entreprise, et tend à être de plus en plus valorisée en France. Les thèse CIFRE en particulier, financées et co-encadrées par des entreprises privées, sont d’excellentes formations à la recherche industrielle et constituent souvent une forme de pré-embauche.